Accompagner la migration

Des représentations à l'action

Qui sommes-nous ?

Nous sommes enseignants-chercheurs à l’Université de Bourgogne. En novembre 2020, aurait dû se dérouler à Dijon un colloque intitulé « Accompagner la migration : des représentations à l’action ». En raison du contexte sanitaire, ce colloque a été reporté aux 1er et 2 déc 2022, mais d’ici là, nous avons souhaité, malgré tout, créer un espace où mutualiser réflexions, expériences, témoignages et projets, avec les intervenants du colloque, et plus largement avec toute personne intéressée par la question de la migration. N’hésitez pas à nous soumettre vos propositions !

Et découvrez ici le programme du colloque de 2022 ! AccompagnerMigration_programme

  • Virginie Brinker : Virginie.Brinker@u-bourgogne.fr
  • Daniel Derivois : daniel.derivois@u-bourgogne.fr
  • Pauline Franchini : Pauline.Franchini@u-bourgogne.fr
  • Caroline Raulet-Marcel : caroline.raulet-marcel@u-bourgogne.fr

Vous trouverez ci-dessous, l’argumentaire du colloque.

« Accompagner la migration : des représentations à l’action »

Université de Bourgogne-Franche-Comté (Dijon)

 

Conçu comme le deuxième volet du colloque organisé à Caen les 21, 22 et 23 Novembre 2019 par le LASLAR (EA 4256), l’INSPE de Normandie Caen et l’Institut International Charles Perrault, intitulé « L’écriture de la migration dans la littérature et le cinéma contemporains pour adultes et pour enfants : frontières, passages, errances et figures du tragique moderne », le colloque  Accompagner la migration : des représentations à l’action, qui sera organisé à Dijon les 26 et 27 novembre 2020, voudrait interroger, de façon pluridisciplinaire (Littérature et Didactique de la langue et de la littérature, Psychologie, Sciences de l’Information et de la Communication…) les modalités d’accompagnement socio-éducatif, linguistique et psychoaffectif des personnes dites migrantes, tout comme les modalités d’action des accompagnant·e·s, qu’il s’agisse d’enseignant·e·s, de travailleurs·euses sociaux·ales, de thérapeutes, notamment lorsqu’il est question d’agir sur les représentations liées à la migration. On s’intéressera tout particulièrement, dans ce colloque, à l’accompagnement des enfants, adolescent·e·s et jeunes adultes, qu’ils ou elles aient ou non migré.

Accompagner l’évolution des représentations s’avère en effet nécessaire. L’accompagnement des « migrant·e·s » dépend non seulement des « cartes mentales » (Grataloup, 2018) concernées (Sud/Nord ; Sud/Sud ; Nord/Nord ; Nord/Sud), mais aussi de l’imaginaire de la migration, autant du côté de ceux qui se déplacent que de ceux qui accueillent. Les hommes migrent, le phénomène n’est pas nouveau, en amenant dans leurs bagages socio-affectifs et cognitifs des représentations de soi et de l’autre différentes. Les raisons de leur migration ainsi que les histoires des pays d’accueil sont diverses. Elles conditionnent en partie leur adaptation aux nouveaux univers géographiques, culturels ou linguistiques. Il convient alors, d’accompagner la migration des représentations tout autant que les sujets « migrant·e·s » eux-mêmes.

Mais accompagner la migration, c’est aussi prendre la mesure de sa désignation et de ses enjeux dans les psychés collectives et individuelles pour être capable de renverser les préjugés. La lexicologie employée pour désigner les personnes dites migrantes est, en effet, souvent piégée. Sur le terrain des mots, il s’agira notamment de mesurer en quoi et dans quelle mesure la littérature, notamment de jeunesse, articulée à l’analyse de situations d’apprentissage ou de médiation, peut fonctionner comme un véritable outil d’accompagnement, capable d’aller contre les idées reçues, mais aussi de les déconstruire, pour sortir les personnes dites migrantes d’un discours qui bien trop souvent les essentialise. Le colloque de Caen a mis l’accent sur l’indicible des situations, et donc la nécessaire recherche de nouvelles formes de langage, notamment visuelles, au croisement de plusieurs arts. Il a également pu mettre en exergue les paradoxes de représentations artistiques toujours à la recherche d’un point d’équilibre entre intériorité et extériorité de l’énonciation, nécessaire universalisation et nécessaire singularisation. Il s’agit en effet d’éviter l’écueil de la romantisation des situations, oblitérant toute dimension politique et en particulier postcoloniale, ou celui du misérabilisme victimaire, ôtant toute capacité propre aux personnes concernées. 

Poursuivant ce questionnement, le colloque de Dijon accordera ainsi une place essentielle à la littérature, notamment de jeunesse, et aux autres arts, dans leurs visées pragmatiques de déconstruction des stéréotypes mass-médiatiques, et d’accompagnement des élèves, qu’ils ou elles aient migré ou non. Les études de réception seraient à cet égard un matériau précieux. Par ailleurs, on peut aussi penser que le travail autour d’œuvres engageant une forme de « contre-représentation », de la maternelle à l’université, peut contribuer à agir sur les représentations communes, en luttant contre les stéréotypes mass-médiatiques dissolvant des situations personnelles extrêmement variées au sein de masses anonymes et potentiellement dangereuses, ce que des recherches-actions en didactique de la littérature pourraient venir étayer. Précisons que la littérature pourra aussi s’envisager au carrefour de plusieurs disciplines d’enseignement – français, histoire, géographie, enseignement moral et civique…–, toutes à même d’apporter un éclairage sur les migrations. Parallèlement, les analyses de médias seraient les bienvenues lors de ce colloque, afin d’établir une certaine typologie des représentations diffusées et de permettre un panorama nuancé sur cette question.

On prendra également la mesure des modalités de construction – parfois ambivalentes – des destinataires visés par les œuvres consacrées aux migrations et aux migrant·e·s en interrogeant la question éditoriale, en tant qu’elle est signifiante dans le contexte scolaire, associatif ou médical. C’est ici l’analyse précise des supports d’accompagnement (dossiers pédagogiques, notes de bas de page…) qui est visée, en tant qu’ils peuvent – même lorsque certaines fictions épousent le point de vue de l’enfant migrant·e à travers un récit à la première personne – le cantonner à une figure d’altérité.

Comment impliquer tous les élèves dans la réception de ces œuvres ? Qu’en est-il enfin de l’intégration de la parole, de la culture et des récits des personnes migrantes dans le contexte de la salle de classe ? Comment se maintiennent vivants les imaginaires et les histoires des personnes concernées au sein de la culture d’accueil ? Si l’on envisage ces questions tant du point de vue de la lecture que de l’écriture, comment faire également s’exprimer l’ensemble des élèves sur ces questions, dont la littérature aura pu permettre d’expérimenter la réversibilité ? La production d’écrit pourra ainsi être envisagée comme un premier prolongement à la lecture devenue agissante, au service de l’instauration d’une communauté multiculturelle au sein de la classe. Ces réflexions pourront donner lieu à des communications d’enseignant·e·s ayant fait étudier un récit d’exil et de migration en classe, auprès d’élèves concerné·e·s ou non par cette problématique, afin de penser de nouvelles pratiques et de nouveaux outils didactiques. Seront ainsi les bienvenus des retours d’expériences autour de projets touchant par exemple à la circulation des contes de tradition orale issus des cultures des personnes migrantes, à l’école, dans la vie des quartiers ou dans d’autres lieux de sociabilité. 

On envisagera enfin ces questions du point de vue des accompagnant·e·s. Quelles sont leurs propres représentations sur les migrations ? Quels gestes professionnels et quelles postures mobiliser pour travailler avec les jeunes autour de la problématique de la migration ? Quels éléments de formation linguistique, littéraire et artistique fournir à l’ensemble des métiers concernés ? Si ce colloque nous conduit à nous intéresser plus particulièrement aux contours de la littérature dite engagée, quid également, de l’engagement des enseignant·e·s et des autres professionnels pour faire de la langue et de la littérature un levier permettant de passer des représentations à l’action ? Cette question soulève des enjeux d’éthique professionnelle sur lesquels il sera également intéressant de réfléchir.

 

AXES POSSIBLES :

  • Déconstruire/interroger les imaginaires de la migration (dans le cadre de l’accompagnement psychosocial et thérapeutique d’enfants, d’adolescent·e·s et de jeunes adultes ; dans un cadre didactique : études de réception en classe, analyses médiatiques, analyse critique des supports d’accompagnement, notamment en littérature de jeunesse, discours éditoriaux…)
  • Donner la parole aux personnes migrantes (dispositifs d’accompagnement éducatifs et scolaires / retours d’expériences ; dispositifs d’accompagnement thérapeutique d’enfants, d’adolescent·e·s et de jeunes adultes  / retours d’expérience ; questions posées par l’accompagnement linguistique…) 
  • Former les accompagnant·e·s (gestes professionnels, retours d’expériences, dispositifs existants ou à inventer…)

 

Comité d’organisation :

  • Virginie Brinker, MCF Littératures francophones des XXe et XXIe siècles, Université de Bourgogne-Franche-Comté (CPTC) 
  • Daniel Derivois, PU Psychopathologie et psychologie clinique, Université de Bourgogne Franche-Comté (Psy-DREPI)  
  • Pauline Franchini, ATER Littérature comparée, Université de Bourgogne-Franche-Comté (CPTC)  
  • Caroline Raulet-Marcel, MCF Langue et littérature françaises, INSPE / Université de Bourgogne-Franche-Comté (CPTC)

 

Comité scientifique :

  • Virginie Brinker, MCF Littératures francophones des XXe et XXIe siècles, Université de Bourgogne-Franche-Comté, CPTC
  • Jérôme Berthaut, MCF Sciences de l’information et de la communication et DU Passerelle – Etudiants en exil, Université de Bourgogne-Franche-Comté, CIMEOS
  • Yann Calvet, MCF Études cinématographiques, Université de Caen-Normandie (LASLAR)
  • Marie Cleren, Docteure en littérature comparée, Sorbonne-Université (CRLC) 
  • Pierre De Oliveira, MCF psychologie sociale, Université de Bourgogne-Franche-Comté,  Psy-DREPI
  • Daniel Derivois, PU Psychopathologie et psychologie clinique, Université de Bourgogne Franche-Comté, Psy-DREPI  
  • Claire Despierres, MCF Sciences du Langage, Université de Bourgogne-Franche-Comté, CPTC, Responsable du DU Passerelle – Etudiants en exil
  • Pauline Franchini, ATER Littérature comparée, Université de Bourgogne-Franche-Comté CPTC
  • Sydney Gaultier, Psychologue associé, docteur en psychologie clinique et  psychopathologie, Unité de recherche et Unité Transculturelle Enfant/Adolescent du Service Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, CHUV, Lausanne.
  • Simon Harel, Professeur titulaire, Département de littératures et de langues du monde, Université de Montréal
  • Magali Jeannin, MCF en Langue et littérature françaises, INSPE de Normandie Caen (LASLAR)
  • Lydie Laroque, MCF en langue et littérature françaises à l’INSPE de Versailles (CY université Paris Seine)
  • Catherine Mazauric, PU Littérature contemporaine d’expression française, Directrice du CIELAM, Université d’Aix-Marseille, Faculté ALLSH
  • Judith Nyee Doggen, MCF Sciences du Langage, INSPE / Université de Bourgogne-Franche-Comté, CPTC
  • Anne-Marie Petitjean, MCF Littérature et écriture créative, CY Cergy Paris Université, Agora et Secrétaire de l’Institut International Charles Perrault
  • Martine Jacques, MCF en Langue et littérature françaises, INSPE / Université de Bourgogne-Franche-Comté, CPTC
  • Caroline Raulet-Marcel, MCF en Langue et littérature françaises, INSPE / Université de Bourgogne-Franche-Comté (CPTC)
  • Anne Schneider, MCF Littératures francophones, INSPE de Normandie Caen (LASLAR) et Présidente de l’Institut International Charles Perrault.

 

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