Pour infecter leur hôte, la plupart des virus de plantes requièrent des vecteurs pour assurer leur transmission de plante à plante. Il est admis que les virus induisent dans les plantes hôtes des modifications physiologiques qui ne sont pas dues au hasard, mais sont destinées à attirer le vecteur pour assurer la transmission du virus. Les altérations des plantes infectées consistent entre autres, à un changement de couleur, à l’émission de composés volatiles, ou encore à la modification de la composition métabolique de la sève. Les mécanismes moléculaires qui sous-tendant ces phénomènes de manipulation par les virus sont encore très mal connus.
Pour décrypter les changements s’opérant dans les plantes infectées, les équipes de V. Ziegler-Graff de l’IBMP de Strasbourg et de V. Brault du Centre INRAE Grand-Est de Colmar ont développé un protocole expérimental imitant les conditions naturelles de transmission du virus de la jaunisse du navet (turnip yellows virus ou TuYV), un virus obligatoirement transmis par pucerons, afin d’analyser les dérégulations dans les plantes infectées par le TuYV et infestées par des pucerons. L’approche transcriptomique a montré que l’infection par le TuYV atténue un très grand nombre de dérégulations génétiques induites par la présence des pucerons dans une plante non infectée. Ainsi, après 72 heures d’infestation et sous l’effet du virus, 93,7% des gènes dérégulés par pucerons retrouvent une expression proche de celle d’une plante non infestée. Parmi ces gènes, un grand nombre codent des facteurs de transcription. Par ailleurs, la composition métabolique des plantes infectées et infestées par pucerons a été analysée et montre qu’elle pourrait être bénéfique pour le vecteur, et donc indirectement, pour la transmission du virus.
L’article est paru dans la revue Phytopathology le 1er septembre 2023.