Le saviez-vous ?

Chaque semaine une information originale sur les oiseaux vous est proposée. Un livret reprenant l’essentiel de ces textes et dessins pourra être gagné avec le Quizz oiseaux organisé pendant l’exposition « Un ciel sans oiseaux ? ».

Giacomo Leopardi (1798-1837) dans son Éloge des oiseaux montre une véritable philosophie positive de la vie.
Esprit précoce, très tôt cultivé et érudit, apprenant seul à dix ans le grec et l’hébreu, le français, l’espagnol et l’anglais, Giacomo Leopardi (1798-1837), natif de Recanati, a imprégné son œuvre littéraire d’un pessimisme profond. Amoureux malheureux, ce poète et penseur n’a cependant pas exprimé son humeur sombre et désabusée lorsqu’il s’est agi de traiter des oiseaux. Dans son Éloge des oiseaux, suivant le style de l’éloge emprunté à l’Antiquité et repris à la Renaissance, il fait ainsi montre tout à la fois de virtuosité littéraire et d’une véritable philosophie positive de la vie. Par l’analogie entre le chant des oiseaux et le rire des enfants, il assimile les seconds aux premiers. L’enfant, jamais en repos avec son agitation continuelle, a une imagination vagabonde. L’humain, s’il veut échapper à son malheur, doit suivre le modèle de l’oiseau, débordant de vie extérieure et échappant ainsi à l’ennui. Il lui faut recouvrer l’ivresse préparatoire au rire et demeurer, avec la légèreté de l’enfance, libre de ses émotions.
Prenez-garde !… Ils… Ils vous tueront… aussi…

– Qui ? Qui ? … Leur nom ? … Parlez…

– Là…

– Des moineaux ? … que voulez-vous dire ?

Cet échange a lieu dans Le secret de la Licorne, entre un homme et Tintin. À Bruxelles, au pied de l’immeuble où il réside, le célèbre reporter a reconnu « L’homme du Vieux Marché ». Touché dans le dos par des coups de feu tirés depuis une voiture, l’homme venu parler à « Monsieur Tintin » s’est effondré et n’a pu qu’esquisser un geste avant de perdre connaissance. Fort de ses connaissances ornithologiques, Tintin a bien identifié trois spécimens du Moineau domestique (Passer domesticus), mais il ne comprend pas. Il lui faudra attendre sa séquestration au château de Moulinsart et la découverte d’une enveloppe adressée à ses deux geôliers pour comprendre : en montrant ces moineaux, oiseaux de la famille des Passereaux, le blessé voulait désigner les frères Loiseau, deux antiquaires malhonnêtes.

Tintin aurait aujourd’hui moins de chance de rencontrer des moineaux dans la capitale belge. 95% des moineaux domestiques de Bruxelles ont en effet disparu durant les 25 dernières années. Comme dans d’autres villes européennes, ce phénomène s’explique par la disparition de leur habitat, le défaut d’alimentation, la pollution et la prédation.

Parmi les oiseaux visibles en hiver, le Pinson du Nord hiverne au centre et au sud de l’Europe.

Le Pinson du Nord (Fringilla montifringilla) hiverne au centre et au sud de l’Europe mais peut rester un peu plus au nord quand les hivers sont doux. Il vit en bandes de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers d’individus lors des regroupements post-nuptiaux et les périodes de migration. Il construit son nid dans les bouleaux ou les sapins, de préférence à l’enfourchure de leurs branches. Pour trouver les faines de hêtres dont il se nourrit, il utilise ses ailes, semi-ouvertes, pour secouer le tapis neigeux. Les traces de ces fouilles dans la neige ont la forme d’un entonnoir.

Dans la poésie de Jacques Prévert (1900-1977), un homme qui aimait beaucoup les animaux, l’Oiseau est très présent.

Si l’Oiseau peut par exemple distraire l’écolier, c’est parce qu’il est solidaire des enfants, eux qui devraient être libres. Il les libère comme par magie de leur prison.

« … les murs de la classe s’écroulent tranquillement Et les vitres redeviennent sable l’encre redevient eau les pupitres redeviennent arbres la craie redevient falaise le porte-plume redevient oiseau. »

Plus largement, la magie est associée à l’Oiseau qui constitue une négation de l’ordre existant.

« J’ai mis mon képi dans la cage et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête… »

Élément à très forte charge symbolique, l’Oiseau représente tout à la fois la liberté et l’amour. Il est aussi la marque de l’inspiration artistique. Ainsi, au terme des instructions « Pour faire le portrait d’un oiseau », l’Oiseau atteste de la qualité de l’œuvre :

« … s’il chante c’est bon signe signe que vous pouvez signer Alors vous arrachez tout doucement une des plumes de l’oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. »

L’Oiseau traduit la vision très personnelle et poétique du monde de Jacques Prévert et avertit, selon le poète, du danger : « Un seul oiseau en cage, et la liberté est en deuil ».

Maurice Barrès est passé du « Corbeau » au « Rossignol » entre le début et la fin de sa vie.

L’un des grands écrivains, avec Anatole France, de la fin du XIXe siècle, Maurice Barrès (1862-1923), déclaré « Prince des poètes », a été l’auteur en 1913 de la Colline inspirée. Jeune, ses camarades l’avaient appelé « le corbeau » parce qu’il était « un petit garçon noir de cheveux, grave et isolé ». À l’âge mûr, Barrès, qui sentait venir la guerre, entend galvaniser l’opinion en développant les grands thèmes auxquels son nom était désormais attaché : patriotisme, union, tradition et « énergie nationale ». Lorsqu’éclate la guerre qu’il a si souvent prophétisée, Barrès entre au comité du secours national et se fait le champion du « jusqu’auboutisme » dans les combats, au travers de ses éditoriaux publiés chaque jour dans l’Écho de Paris. Il entreprend aussi des voyages de propagande en faveur de la cause française, en Italie et en Angleterre. Il publie des brochures patriotiques et dénonce avec vigueur la « canaille » parmi les auteurs du Bonnet Rouge, le périodique des républicains. La paix revenue, il poursuit ses efforts pour la propagande nationale en Rhénanie et défend l’œuvre civilisatrice des missions françaises dans les pays d’outre-mer. Pour les pacifistes troublés par l’hécatombe humaine, ainsi l’écrivain Romain Rolland (1866-1944) qui lui a attribué ce surnom, il a été et restera le « rossignol du carnage ».

Les oiseaux constituent un danger grave pour le trafic aérien.
Les aéroports sont ainsi amenés à développer des actions pour empêcher les collisions des oiseaux avec les avions. À Marseille, près de 80 espèces d’oiseaux ont été recensées à proximité de l’aéroport, dont une dizaine dangereuses. Parmi elles, l’Outarde pèse près d’un kilo. Elle profite de l’herbe verte des pistes et non loin de là de l’Etang de Berre où elle s’alimente de ses insectes. L’espèce étant protégée, les fusées crépitantes des marins pompiers, le faucon chasseur des fauconniers, sinon un gazon spécial « piqueur de pattes », sont utilisés pour l’éloigner. Aux USA, l’aéroport de Yeager, en Virginie-Occidentale, a fait appel à… un chien. Tirs de fusée détonante, effarouchements ponctuels, torche laser et imitation de cris de détresse ont aussi été utilisés, mais les oiseaux pouvaient s’habituer. Le Border-collie Hercules a donc reçu la mission d’éloigner les volatiles des pistes de décollage et d’atterrissage car « un chien peut être un vrai prédateur », selon Nick Keller, directeur adjoint de Yeager. Hercules ne se contente pas d’éloigner les oiseaux: il chasse aussi les cerfs, coyotes et lapins présents sur l’aérodrome. Il a reçu une éducation spéciale durant plusieurs mois afin de réagir à une gamme de commandes verbales et de sifflets et est équipé d’un gilet réfléchissant, de lunettes de sécurité et d’une protection auditive.

Durant la Première guerre mondiale, l’association de l’Oiseau aux premiers avions était encore très forte.
Les premières escadrilles françaises étaient dénommées les Hirondelles ou les Cigognes, Guynemer commandant ces dernières. En 1917, l’écrivain Georges Ohnet (1848-1918) s’étonnait dans la presse que des noms d’oiseaux migrateurs aient été seuls choisis, au détriment des grands rapaces du ciel les gerfauts, les milans et les vautours. Il écrivait laisser « l’aigle à deux têtes, dépenaillée et meurtrie, à l’Autriche et à l’Allemagne. L’aigle est déchu de sa gloire depuis qu’il est l’emblème des massacreurs, des pillards et des incendiaires. » En réclamant la création d’une armée et d’un ministère de l’Air, il regrettait que la France ne puisse « garder la suprématie aérienne » sans dépendre de la mise à disposition par l’Amérique de « ses oiseaux de guerre ». Professeur d’histoire et de géographie, inspecteur d’académie, auteur prolixe d’ouvrages pour la jeunesse, Charles Guyon (1848-1935) publiait alors chez Larousse, dans la collection « Les livres roses pour la jeunesse », les deux tomes illustrés de ses Oiseaux de guerre, le premier sur « Les exploits aériens », le second sur « Un as héroïque ».

Il y a Merops et… Merops
Dans ses Philippiques, l’historien Théopompe de Chios (v. 403 ou 372- 320 av. JC) évoque La Méropide, une île située au-delà des océans et dont les habitants ne connaissaient pas la faim. Ils étaient deux fois plus grands et vivaient deux fois plus vieux que le commun des mortels. La famille Merops habitait à Meropis et adorait Gaia qui les comblait de présents. Elle était cependant impie envers les autres divinités et ne participait jamais aux fêtes religieuses. Agron était particulièrement irrespectueux envers Athéna, Artemis et Hermès, aussi ces trois divinités, grimées en berger et bergères rendirent-ils visite à la famille. Comme toute la famille se moqua de ces visiteurs, tous ses membres furent changés en divers oiseaux, dont l’un en hibou par Athéna. Aujourd’hui, le Merops est un genre de guêpiers de la famille des Meropidae qui comme le nom l’indique est principalement insectivore. Très colorés, les Merops vivent principalement en Afrique, mais quelques espèces sont présentes en Eurasie et une est présente en Océanie. Le genre contient 24 espèces dans la classification du Congrès ornithologique international.
Les oiseaux les plus petits du monde vivent en Europe et à Cuba : ils pèsent moins de 6 grammes !
Le Troglodyte mignon a un corps rond sur une tête massive prolongée par un bec fin légèrement courbe et une très courte queue fréquemment relevée. Toujours en mouvement, sautillant entre les pierres et les arbustes, ses ailes, courtes et arrondies, battent très rapidement avec une envergure de 12 à 18 cm environ. Il s’impose pourtant comme le plus imposant des plus petits passereaux de France avec ses… huit grammes. En effet, le Roitelet huppé ne pèse que six grammes. Son cousin, le Roitelet à triple bandeau (Regulus ignicapilla), moins de 9 centimètres de la pointe du bec au bout de la queue est le plus petit de de tous les oiseaux européens est encore plus léger puisqu’il ne pèse qu’à peine 5,5 grammes. Cet oiseau qui vit dans les forêts, bois, bosquets et parcs boisés, au milieu des conifères, épicéas surtout, ou mélèzes et cyprès, également près des cèdres, séquoias et thuyas est pourtant encore un grand oiseau comparé au Colibri d’Elena. Ce dernier ne vit qu’à Cuba. Il ne dépasse pas les cinq centimètres de long, dont près de la moitié pour son bec et sa queue ! Cet oiseau-mouche est le plus petit oiseau du monde car il pèse seulement 1,8 gramme !
The Birds (Les Oiseaux), film américain d’Alfred Hitchcock en 1962 ne comporte qu’une seule source musicale, sans référence aux oiseaux, quoique…
La fiction du maître du suspense, où Alfred Hitchcock (1899-1980) est l’homme qui sort du magasin avec deux chiens en laisse, est une adaptation de la nouvelle The Birds de Daphné du Maurier (1907-1989), raconte comment, à San Francisco, Melanie Daniels (Tippi Hedren) a fait la connaissance de Mitch Brenner (Rod Taylor) chez un marchand d’oiseaux. Sachant qu’il se rend à Bodega Bay pour l’anniversaire de sa sœur cadette, elle achète un couple d’oiseaux, des « inséparables », et décide de le rejoindre. Arrivée sur place, les oiseaux semblent participer à ce que certains interprètent comme une malédiction provoquée par Melanie Daniels. Les inséparables (Agapornis sp.) qu’elle a acquis sont des psittacidés, sorte de petits perroquets, qui vivent habituellement dans le sud de l’Afrique, y compris à Madagascar. Ils sont nommés inséparables car les membres de cette espèce d’oiseau, très sociables, sont incapables de vivre seuls. En couple, leur fidélité est telle que la disparition de l’un provoque la mort de l’autre.Sorte d’allégorie, The Birds est dénué d’accompagnement musical, sauf une pièce jouée au piano par l’actrice principale Tippi Herden. Œuvre composée dans sa jeunesse par Claude Debussy (1862-1918), la Première arabesque est d’exécution particulièrement difficile. Très travaillée, elle est empreinte d’influences orientales auxquelles son compositeur est allé puiser. Elle évoque l’ornement identifié en Occident au Moyen-âge et qui est caractéristique des Arts de l’Islam. Elle se réfère aussi aux effets de symétries ou de jeux de courbes évoquant des formes végétales, souvent entrelacées, visibles dans l’enluminure ou la sculpture occidentale. Souvent fantaisistes ou de stylisation du monde réel, ses figures exaltent discrètement les sens. Sans être « impressionniste », ni explicitement rendre hommage aux oiseaux, l’œuvre de Debussy n’en ouvre pas moins à l’imagination. Si le rapport de leurs créations à des musiques orientales a nourri la rivalité de Claude Debussy avec Maurice Ravel (1865-1937), seul ce dernier a célébré les oiseaux à de nombreuses reprises. Bien qu’adepte lui aussi de motifs stylisés, il a été plus explicite et a transcrit des chants d’oiseaux complexes de façon réaliste, comme la grive des « Oiseaux tristes », dans ses Miroirs pour piano (1905).
S’il est une victime indirecte de la Chasse, le Piquebœuf contrarie le braconnage du Rhinocéros.
Espèce de passereau de la famille des buphagidés, le Pique-bœuf à bec jaune (Buphagus africanus) vit dans les zones de forêt humide de plaine ou de savane sèche. Sa nourriture dépend du rhinocéros car perché sur le dos de ce grand mammifère, il trouve là du sang et des parasites. En conséquence, l’oiseau a pu développer un comportement protecteur pour préserver sa source de nourriture et survivre. Du fait de la diminution voire de la disparition des populations de pique-bœufs dans certaines régions, de nombreux rhinocéros, eux-mêmes menacés d’extinction, vivent désormais sans leur « gardien » dans leur milieu naturel. Or, il a été constaté que les rhinocéros sans pique-bœuf ne parvenaient pas dans trois quarts des cas à détecter une présence humaine alentours. Le Rhinocéros dispose en effet d’une ouïe et d’un odorat développés, mais il a une vue médiocre. S’il est face au vent, un chasseur peut alors l’approcher jusqu’à cinq mètres. Au contraire, lorsque les rhinocéros sont accompagnés de pique-bœufs, ils sont avertis de l’approche d’humains, potentiellement dangereux. Installé sur le rhinocéros, le Pique-bœuf doté d’une vue perçante repère très vite une présence humaine et donne l’alerte avec son cri. Plus le rhinocéros transporte de pics, plus sa distance avec un braconnier peut ainsi être grande. La survie du Rhinocéros est donc liée à la conservation voire à la réintroduction de pique-bœufs.
Ami des animaux, Jean-Jacques Rousseau avait une grande affection pour les Oiseaux, et les Hirondelles en particulier.

Rousseau a raconté qu’il avait eu la compagnie de Serins, mais aussi, aux Charmettes, de « Pigeons qui le suivaient partout, qui lui volaient dans les bras, sur la tête jusqu’à l’importunité ». Il était aussi « passionné pour le chant du rossignol » et aimait « les gémissements de la tourterelle » dont il s’est inspiré pour l’une de ses compositions musicales. Les Hirondelles ont cependant tenu une grande place dans ses souvenirs et ont fortement teinté la nostalgie de celui qui écrivait « planer des yeux » et faire usage des « ailes de l’imagination ». Rousseau associait en effet les Hirondelles aux lectures qu’il faisait en compagnie de son père au temps de son enfance à Genève. Quand il résida à la ferme de Monquin, près de Bourgoin-Jallieu, il laissa des Hirondelles nicher dans sa chambre et s’astreignait, en « portier des hirondelles », selon son expression, à leur ouvrir la fenêtre chaque matin. « On voltigeait de grand matin autour de ma tête d’une aile frémissante, jusqu’à ce que j’eusse rempli les devoirs de la tacite convention des hirondelles avec moi. »

Le plus ancien chant en contrepoint a pour objet le chant du Coucou.

Le « le contrepoint » est issu de « l’organum » dans lequel un second chanteur (ou un groupe de chanteurs ou un instrument) double la mélodie liturgique de la voix supérieure, « note contre note », à partir de l’unisson jusqu’à la distance de quarte ou de quinte inférieure, avant de revenir à l’unisson. La plus ancienne forme de contrepoint, c’est-à-dire « point contre point », les notes étant représentées par des points, date du XIIIe siècle. Il s’agit du canon traditionnel à six voix Summer qui contient la répétition du chant de l’un des oiseaux les plus connus, le Coucou, de la famille des Cuculidae (en français cuculidés) qui compte 32 genres et 146 espèces. Cet oiseau est aussi dénommé malcoha, calobate, coua, coucal, coulicou, tacco, piaye, ani, guira et géocoucou, ou, dans la zoologie anglaise contemporaine, « cuckoo ».

Murie sing cuccu

Cuccu cuccu

Wel singes pu cuccu

Ne swick pu nauer nu

Sing cuccu nu . Sing cuccu

Sing cuccu . Sing cuccu nu.

La migration n’est pas seulement liée à l’instinct chez l’Oiseau.

Si la migration des oiseaux vers l’hémisphère sud remonte peut-être aux périodes glaciaires, elle a pour origine la nécessité de trouver des conditions de vie plus favorables. Les comportements migratoires ont toutefois évolué et évoluent encore. À l’automne, la nourriture est moins abondante et la journée se réduit pour en chercher. Chez les oies, notamment, les plus expérimentés guident les jeunes lors de la migration. Certains oiseaux se repèrent grâce au soleil, le jour, et aux étoiles, la nuit, d’autres utilisent le champ magnétique. Si leurs facultés sensorielles sont innées, les oiseaux expérimentent aussi et se familiarisent avec certaines régions, en se laissant porter par des courants aériens et marins, en appréciant les changements climatiques ou en suivant le passage d’autres oiseaux. La capacité des oiseaux à s’adapter pour s’envoler et migrer a été démontrée par des expériences scientifiques. Des ornithologues ont expliqué comment des oisons subissent « l’empreinte perspective », c’est-à-dire le fait qu’ils identifient leur mère dans le premier élément qu’ils perçoivent après leur éclosion. Konrad Lorenz (1903-1989) a été le théoricien, reconnu par le Prix Nobel, de « l’empreinte ». Cette dernière permet l’acquisition des racines culturelles afin de différencier entre les siens et les autres. Elle favorise également l’attachement, processus de socialisation, d’intégration et d’adaptation à la vie sociale. Le Canadien Bill Lishman (1939-2018), avec le concours du photographe Joe Duff et du scientifique William Sladen (1920-2017), a tiré parti de cette faculté pour « l’Opération Migration ». Il s’agissait d’apprendre de nouveaux itinéraires à des oiseaux migrateurs. En 1993, il a ainsi élevé une couvée de dix-huit oies sauvages du Canada et leur a appris à voler. Liés à lui par « l’empreinte », ces oiseaux l’ont suivi tandis qu’il volait à bord de son ULM. Les données scientifiques de cette expérience ont servi de base au récit imaginaire mis en scène dans le film américain Fly Away Home (1996), réalisé par Carroll Ballard. La même expérience du vol en ULM au milieu d’oies a été réalisée pour Le peuple migrateur (2005) de Jacques Perrin.

Le réalisme des peintures d’oiseaux devait en éviter la chasse.

Originaire d’Ecosse, Archibald Thorburn (1860-1935), est le fils du miniaturiste et portraitiste de la reine Victoria, Robert Thorburn (1818-1885). Après avoir été l’élève à Londres de l’artiste allemand Joseph Wolf (1820-1899), peintre d’animaux et particulièrement d’oiseaux, il est chargé en 1887 d’illustrer Coloured Figures of the Birds of the British Isles, l’ouvrage de Lord Lilford (1833-1896). Réputé pour la qualité de ses réalisations, il illustre de nombreux ouvrages d’histoire naturelle en même temps qu’il forme d’autres illustrateurs, dont Otto Murray Dixon et Philip Rickman. Archibald Thorburn est l’auteur des planches de The Birds of the British Isles and their eggs (1920-1925) de Thomas Alfred Coward (1867-1933). Après sa mort, ses peintures des oiseaux typiques de l’Ecosse ont été réimprimées dans l’Observer’s Book of British Book, premier volume d’une grande série de guides naturalistes. Opposant déclaré de l’abattage des oiseaux pour la décoration des chapeaux ou vêtements, il a d’abord été lié à la Plumage League, devenue la Royal Society for the Protection of Birds, dont il a été l’un des vice-présidents. Il défendait l’idée avec les éditeurs de ses livres, que la qualité réaliste de leurs illustrations constituerait un substitut au tir sur les oiseaux.

Des oiseaux seraient à l’origine de la calligraphie chinoise. Celle-ci conserverait aussi leur présence dans ses formes.

En effet, selon la légende, l’écriture chinoise aurait été inventée par Cang Jie, scribe et ministre de « l’Empereur jaune », personnage mythique qui aurait régné de 2697 à 2598 av. J.-C.). Il en aurait eu l’idée en observant sur le sol des traces de pattes d’oiseaux. Il distingua les caractères des pictogrammes, les premiers fonctionnant comme des signes qui permettent l’identification de ce qu’ils désignent, tandis que les seconds sont des dessins et des représentations. Selon le poète et… ornithologue québécois Pierre Morency, grâce à une telle écriture, l’Oiseau, ou en tout au moins son « être », demeure ainsi présent. « Ces signes recréent la présence et l’identité de l’oiseau. Il est absent, mais quelque chose de son être est là, qui le définit. »

Le poète François Villon a évoqué les oiseaux et s’est identifié à eux.

François Villon (1431- ? 1463) n’a pas seulement évoqué la symbolique des oiseaux dans ses vers, ainsi dans Trahison : « Mon ami est, qui me fait entendant / D’un cygne blanc que c’est un corbeau noir ; / Et qui me nuit, crois qu’il m’aide à pourvoir ». Il n’a pas non plus seulement imaginé en guise d’épitaphe l’action des oiseaux sur son corps après sa pendaison dans la Ballade des pendus (vers 1460). « La pluie nous a débués et lavés, / Et le soleil desséchés et noircis ; / Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés / Et arraché la barbe et les sourcils. » Jeune, il a pris le risque d’affirmer être un « enfant de la Coquille » pour signer ses premières œuvres. Être un… « coquillar » était au temps de Villon être un « gueux, malfaiteur », au vrai un trompeur de « niais », un escroc, voleur et parfois un meurtrier. Des membres de l’une de ces bandes furent condamnés et exécutés à Dijon en 1455. Dans le jargon de ces coquillars, une « duppe » était un oiseau huppé, riche et arrogant, digne d’être… « plumé ». Plus encore cependant, les Coquillars » se disaient nés d’un œuf et donc de sa « coquille » et imitaient les cris des oiseaux pour se reconnaître. Ce n’est que bien plus tard que leur nom de « coquillard » fut assimilé à un « mendiant se faisant passer pour un pèlerin de Saint-Jacques » et porteur de la célèbre coquille.

En nourrissant ses oisillons, la Mésange est l’alliée du jardinier.

Granivore et un peu insectivore durant l’automne et l’hiver, la Mésange adopte un régime majoritairement insectivore durant le printemps et l’été. Ces deux saisons sont en effet sa période de reproduction et il lui faut, en plus de se nourrir, alimenter ses oisillons. Ces derniers reçoivent des larves de papillons auprès des arbres à feuille caduque, et des larves de mouches à scies, de blattes et d’araignées, auprès conifères. Comme une nichée de mésanges consomme environ 500 chenilles ou insectes chaque jour, la mésange doit donc pour capturer ces proies effectuer chaque jour autant d’allers-retours depuis son nid !

Deux oiseaux ont illustré aux XIXe siècle l’opposition entre Républicains et partisans du Second-Empire.

Napoléon III, neveu de Napoléon Ier, a repris à l’Empire de son oncle le symbole de l’aigle. Le 10 juillet 1804 un décret en avait donné le détail : « d’azur à l’aigle à l’antique d’or, empiétant un foudre du même ». La symbolique impériale faisait ainsi référence à l’aigle de l’Antiquité romaine ou de Charlemagne. Jules Michelet (1798-1874), historien et homme d’une plume passionnée mise au service du Peuple et de l’idéal républicain, lui oppose de petits oiseaux, au premier rang desquels le Rossignol. « Les agents de la mort, les espèces meurtrières, tellement glorifiées par l’homme, qui y reconnaît son image, se trouvent ici replacées fort bas dans la hiérarchie remises au rang que leur doit la raison. Elles sont les plus grossières dans les deux arts de l’oiseau, pour le nid et pour le chant. Tristes instruments du fatal passage […]. Mais la haute lumière de vie, l’art dans sa première étincelle n’apparaît qu’en les plus petits. Aux petits oiseaux sans éclat, d’une robe modeste et sombre, l’art commence, et, sur certains points, monte plus haut que la sphère de l’homme. Loin d’égaler le rossignol, on n’a pu encore le noter, ni se rendre compte de sa chanson sublime. Donc, l’aigle est détrôné ici, le rossignol intronisé. Dans le crescendo moral où va l’oiseau se formant peu à peu, la cime et le point suprême se trouvent naturellement, non dans une force brutale, si aisément dépassée par l’homme, mais dans une puissance d’art, de cœur et d’aspiration, où l’homme n’a pas atteint, et qui, par-delà ce monde, le transporte par moment dans les mondes ultérieurs. » (Jules Michelet, L’Oiseau, 1856).

Les oiseaux ne chantent pas par plaisir.

Jacques Prévert l’a expliqué en poète : « Le pinson n’est pas gai / Il est seulement gai quand il est gai / Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste ». Les oiseaux chantent dès l’aube, lorsque les sons portent davantage. Ils rappellent ainsi à leurs voisins, possibles concurrents, qu’ils sont les maîtres de leur territoire. Chaque espèce possède son répertoire de chants, mais certains oiseaux empruntent à d’autres des bribes de chants, comme la Rousserolle verderolle qui vocalise en imitant des oiseaux africains qu’elle côtoie pendant son hivernage. Les petits oiseaux cachés dans les arbres et qui portent le plumage le plus terne, comme le Rossignol ou la Fauvette des jardins, sont les plus mélodieux. Les chants retentissent surtout au printemps, pendant la saison des amours et certains oiseaux redeviennent silencieux près l’accouplement. D’autres continuent cependant à chanter pendant la nidification. Le Merle vocalise plus encore lorsque la femelle couve. Les oiseaux qui comme les Grives élèvent une deuxième couvée reprennent leur chant entre les deux. En juillet, les chants s’estompent généralement. Ne demeurent alors que les cris de contact et d’alarme.

Un oiseau serait à l’origine du Taichichuan (Taijiquan), l’art martial chinois.

Zhang Sanfeng, ou Chang Sanfeng, moine itinérant contemporain de la fin de l’empire Yuan et du début des Ming (entre le Xe et le XIIIe siècles), était selon la légende un observateur attentif de la nature.
« Un jour, il était à l’intérieur récitant les classiques lorsqu’un oiseau plein d’allégresse se posa dans la cour. Son chant sonnait comme les notes de la cithare. Le sage observa l’oiseau de sa fenêtre… »
Le moine regarda l’oiseau prendre de l’altitude avant de piquer sur un serpent au sol. L’oiseau voulait tuer le serpent. Ce dernier parvint à esquiver de la tête en un mouvement aisé. La lutte se poursuivit. L’oiseau avait beau foncer et battre des ailes, plonger encore et encore avec frénésie, le serpent, avec ses contorsions, se mettait sans se fatiguer hors de danger. À un moment pourtant, il feignit la fatigue, ce qui incita l’oiseau à s’approcher. « L’oiseau tombe dans le piège et le serpent se dresse et enfonce ses dents dans la victime surprise ». Face à ce combat pour la survie, Chang Sanfeng comprit que l’oiseau n’avait fait que des mouvements saccadés et dispersés, tandis que le serpent s’était mu avec souplesse. Il apprit ainsi que la souplesse et l’attention gagnent sur la raideur et la dispersion. À l’image des énergies yin et yang, symbole du Taijiquan, le souple enveloppe donc le dur. En sage, Chang Sanfeng développa le Taijiquan pour cultiver l’énergie et l’esprit (Shen), mouvement et repos, croissance et décroissance.

Les Mésanges apprennent à se nourrir en s’observant mutuellement.

Liisa Hämäläinen et une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge l’ont démontré à partir des Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) et charbonnières (Parus major). Pour cela, il a été présenté à une Mésange bleue ou à une Mésange charbonnière une proie désagréable car aspergée d’une solution amère et marquée d’un carré noir. Ces oiseaux ont été filmés réagissant avec dégoût en secouant ou en s’essuyant la tête. Les chercheurs ont ensuite montré ce film à un groupe de 24 Mésanges (12 de chaque espèce) auxquelles étaient proposées des proies non aspergées et des proies désagréables marquées. Le même menu était offert à un autre groupe de 24 oiseaux mais sans lui montrer le film. Les oiseaux qui regardèrent le film mangèrent moins de proies désagréables que les autres. L’expérience a ainsi démontré que pour adapter leur régime, les prédateurs apprennent de leurs rencontres avec les proies elles-mêmes, mais aussi de l’observation des expériences négatives de leurs congénères.

Des oiseaux peuvent voler à très haute altitude.

Des chercheurs ont pu enregistrer l’altitude en vol de Rousserolles turdoïdes, autrement appelées Rossignols des rivières, lors de leur migration entre la Suède et l’Afrique de l’Ouest. Long de 19 cm, avec une envergure de 28 cm, cette espèce de fauvette des marais est un passereau pesant entre 25 et 37 g. La Rousserolle a été enregistrée à 3 950 m, son point le plus haut, au terme de son voyage. À titre de comparaison, en « vol libre », c’est-à-dire en deltaplane et parapente, l’altitude moyenne est de 3 500 m, le record étant de 4 526 m, établi en 2012 en Namibie. En 2007, une parapentiste allemande a survécu à l’aspiration accidentelle par les courants ascendants d’un cumulonimbus qui l’ont fait monter à 9 946 m. Évanouie pendant quarante minutes, faute d’oxygène, à − 40 °C, elle s’est posée couverte de glace.

Le mot « avion » est directement inspiré de… l’Oiseau.

Le mot avion est en effet dérivé du latin avis « oiseau », auquel a été ajouté le suffixe –on*. La création du mot remonterait à 1875. Le mot figure dans le Mémoire descriptif à l’appui de la demande d’un brevet d’invention de quinze années [Brevet 205-155, 19 avr. 1890] pour un appareil ailé pour la navigation aérienne dit : Avion) déposé par Clément Ader (1841-1925), pionnier de l’Aviation. Ce dernier terme date de 1863, créé par le journaliste Gabriel de La Landelle (1812-1886), fondateur avec Nadar et Gustave Ponton d’Amécourt (1825-1888), la même année de la « Société d’encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l’air  » et inspirateur de l’hélicoptère décrit par Jules Verne dans  » Robur le Conquérant « .

 

 

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