Master Traduction multimédia

Exercice d’entraînement T2M/TA2M : Internationalisation, localisation, accessibilité

La première épreuve d’entraînement publiée cette semaine demande aux candidat·e·s aux formations T2M et TA2M comment le cas de figure présenté illustre la différence entre la traductoin et la localisation. Si vous avez eu le réflexe de vous dire « localiser, c’est adapter un texte ou à un message à un marché ou à un public cible … mais traduire, c’est finalement un peu cela aussi … », vous êtes en bonne compagnie, car les concepts ne sont pas toujours faciles à délimiter. On a plus souvent tendance à parler de localisation lorsqu’il s’agit de textes numériques et interactifs tels que des sites internet, des applications mobiles, des jeux vidéo ou encore des serious games, mais le fait de vivre dans un monde où de plus en plus de textes spécialisés « écrits » se présentent sous format numérique suggère que « traduction » et « localisation » sont moins des catégories cartésiennes étanches que des cadres de référence qui se superposent – et que pour savoir localiser, il faut d’abord savoir traduire.

Pour faire la part des choses entre facteurs culturels et facteurs technologiques, en passant par les domaines de spécialité, les facteurs économiqus et (ne l’oublions pas) les attentes et besoins des publics qui utiliseront le produit fini, on ne peut que vous conseiller de vous documenter. L’ouvrage Translation and Web Localization de Miguel Jimenez-Crespo et, en français, le n° 237 de la revue Traduire offrent de bons points de départ pour ce qui concerne la localisation de sites internet, ce que les travaux de notre collègue Carme Mangiron et, en français, le n° 244 de Traduire font également très bien pour les jeux vidéo. Nous conseillons également aux candidates et aux candidats de suivre les dernières parutions dans un champ qui évolue rapidement, par exemple dans des revues en accès ouvert telles que JoSTrans – Journal of Specialized TranslationJournal of Audiovisual Translation (car la localisation a aussi des rapports étroits avec la traduction audiovisuelle), Journal of Translation and Technical Communication et tant d’autres.

Diagram representing Global Product Development Cycle, with internationalization and localization phases

Global Product Development (GILT) Cycle – Localization Industry Primer, p. 15.

L’on peut aussi dire que la localisation implique une chaîne de production plus complexe que la traduction d’un texte écrit, intégrant plusieurs types de support mais aussi, très souvent, un travail en parallèle depuis une langue ou version source vers plusieurs langues et pour plusieurs marchés (ou locales) cibles. Ce fonctionnement implique à son tour une phase dite d' »internationalisation », qui vise à maximiser la compatibilité du produit source, sur les plans technologique, linguistique et culturel, en amont de sa localisation pour différents marchés, dans un mouvement qu’on décrit souvent comme cyclique. Pour des explications plus détaillées, le classique Localization Industry Primer date de 2003 mais reste d’actualité pour ce qui concerne ses principes fondamentaux.

Si l’internationalisation d’un produit le plus tôt possible dans son cycle de développement permet de faciliter sa future localisation, on peut faire le même type de constat pour ce qui concerne l’accessibilité, dont la mise en œuvre intervient idéalement en début de cycle. On peut alors parler de conception accessible, de produits et services linguistiques, audiovisuels, numériques et autres. Un billet de blog précédent propose d’autres liens vers des ressources sur l’accessibilité.

L’ exercice du jour…

… vous invite à explorer les questions ci-dessus en partant de l’exemple de MONA – Museum of Old and New Art, situé dans l’état de Tasmanie, en Australie. Si le nom du lieu fait un clin d’œil à un musée d’art situé sur un autre continent, le musée se présente de manière un peu particulière, ce qui soulève plusieurs questions relatives à l’internationalisation, à la localisation et à l’accessibilité. Le site internet s’adresse de manière un peu particulière à un clientèle à la fois local et international, mais seulement en anglais. On pourrait se poser la question de comment internationaliser certains contenus en vue d’une future localisation, y compris pour un public pratiquant l’anglais comme langue d’échange, sans toutefois dénauturer l’effet de la présentation : le site d’un musée n’implique pas forcément les mêmes problématiques qu’un site e-commerce ou le site corporate d’une entreprise. On pourrait aussi se poser des questoins concernant l’accessibilité : par exemple, la page de la billetterie fournit des informations concernant l’accessibilité physique du lieu, mais il est moins facile de savor si les icônes vocalisés présentes sur la page font partie d’une stratégie cohérente d’accessibilité numérique ou recherchent plutôt un effet de style. En l’absence de cartels à côté des œuvres, les personnes qui visitent le musée doivent utiliser l’application « The O », disponible en téléchargement libre sur le site du musée.

Votre tâche pour aujourd’hui…

… est de proposer une stratégie d’internationalisation et de localisation de la page qui présente cette application, en imaginant que le musée a également fait appel à vous pour l’internationalisation/localisation, vers le français et vers d’autres langues, de l’ensemble de sa communication numérique. L’on vous demande également, au cours de votre analyse, de proposer des stratégies pour améliorer l’accessibilité du site et de l’application. Voici les étapes à suivre :

The O - MONA - explanation of app interface

  • Suite à votre analyse de la page, expliquez quels sont les défis d’internationalisation que vous observez et comment proposez-vous d’y répondre ? Essayez de classer les défis par catégories : linguistique, culturelle, technologique…
  • Est-ce qu’il conviendrait de proposer une première version « internationale » de la page en langue source avant de se lancer dans la phase traduction-localisation, ou de procéder autrement ? Expliquer votre réponse en donnant des exemples concrets.
  • L’exercice suppose que vous aurez aussi à localiser l’interface de l’application « The O », qui est expliquée sur cette page. En supposant que l’organisation et les éléments graphiques de l’application resteront inchangés, proposez une traduction française des textes et des explications de l’interface fournies au centre de la page. Quels défis voyez-vous et comment proposez-vous d’y répondre ?
  • Proposez une traduction française de l’ensemble des textes visibles sur la page. Décrivez la stratégie que vous avez adoptée pour cette traduction, en expliquant dans quelle mesure elle répond aux attentes du public que vous identifiez pour la version française.
  • A votre avis, quelles questions faudrait-il poser à votre client afin d’aboutir à une internationalisation et à une localisation satisfaisante ?
  • Prenez note des préconisations pour l’accessibilité indiquées sur la page, en essayant de les comparer avec au moins une autre application destinée à être utilisée dans un musée ou un site culturel. En vous référant au Référentiel général de l’amélioration de l’accessibilité ou à un autre référentiel du même type, expliquez dans quelle mesure ces préconisations vous semblent satisfaisantes. Est-ce que le RGAA vous semble couvrir l’ensemble des questions relatives à l’accessibilité pour toutes les personnes susceptibles de l’utiliser l’application ? Pensez-vous que les contenus de l’application posent un défi particulier en matière d’accessibilité ?
  • Pensez-vous que la stratégie d’accessibilité à adopter pour une version de l’application s’applique à toutes les versoins ? Est-il facile d’internationaliser, ou de localiser, un stratégie d’accessibilité ?

 

 

 

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